Le jour d'après.
6h00 : Reveil un brin brumeux. Je tâte un peu autour de moi dans le lit : Personne, oui, ça c'est pas nouveau. Rassuré par la vérité indubitable de m'être reveillé au même endroit que celui dans lequel je m'étais endormi, et en compagnie de mon seul moi-même, je me dis que je suis encore vivant.
J'ai donc survécu à la fin du monde pourtant annoncée par la voisine, la boulangère et la totalité des plus de 65 ans de mon village c'est à dire la grande majorité de mes concitoyens. Un doute, cependant me taraudait, le fait d'avoir survécu à la fin du monde ne signifiait pas qu'elle n'avait pas eu lieu. Peut-être étais-je le seul survivant, peut-être le destin m'avait-il choisi pour être le dernier représentant de l'espèce humaine, auquel cas, elle est plutôt dans la mouise l'espèce humaine...
Le poids de l'avenir ainsi que la fierté d'être l'élu grandissaient chaque seconde en moi, je me voyais déjà construire un bateau, y rassembler tout plein d'animaux pour ouvrir un zoo flottant, et puis...et puis, j'entendis ma mère se lever pour aller aux toilettes.
Mes quelques brefs contacts matinaux avec d'autres personnes, qui suivirent cet instant, finirent de réduire à néant ma théorie du survivor élaborée l'espace de quelques instants par mes neurones encore englués dans mon manque de sommeil et se rendormant peu à peu.
L'apocalypse n'est donc pas venue, elle a dû louper son train, c'est pas plus mal.