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Ridan's Blog
21 septembre 2006

Ces gens là.


        Non je ne viens pas pousser la chansonette sur un air de Jacques Brel, je ne viens pas non plus vous parler du genre de personnes que décrit cette chanson, c'est peut être même tout l'inverse. "Ces gens là" qui m'amènent ce soir (ce matin en fait :s), ce sont les gens bien.


    Ce genre de personne avec lesquelles on se sent en confiance quoi qu'il arrive, ceux que l'on comprend sans un seul mot, ceux à travers les yeux desquels, l'avenir est moins nébuleux.
    Ils sont très peu ces gens là, qui savent ne pas user de pitié dans les moments difficiles et nous garder les pieds sur terre en cas de joie trop forte.

    Ces gens là avec lesquels les heures paraissent secondes, et les jours un claquement de doigt. Ceux avec lesquels nous voudrions arreter le temps comme pour emprisonner ces instants de bien être à jamais. Ceux, en fin de compte que l'on peut appeler des amis.
    J'ai perdu une de ces personnes récemment, j'en ai retrouvé une il y a peu et ce doit être ce que j'ai fait de mieux depuis un bon bout de temps ;)


Et puisque je parle d'arrêter le temps, ça me donne l'occasion de citer quelques vers que je voulais mettre depuis longtemps. Ceux du "Lac" de Lamartine :



Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

"Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

"Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

"Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

"Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons !"

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

A. de Lamartine, Méditations poétiques. "Le Lac"  (1820)

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Commentaires
K
J'ai toujours aimé les quelques petites choses que j'ai pu lire de Lamartine, ce poeme que tu nous montres me le confirme à nouveau. Merci ^^
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