Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Ridan's Blog
20 septembre 2006

Requiem for a friend.


       C'est impressionnant ce que l'absence peut parfois nous rappeler combien une présence nous était importante.
     De la même façon, comme dit le poète, qu'on reconnait le bonheur quand il s'en va, on a malheureusement tendance a reconnaitre combien une personne nous était chère une fois qu'elle n'est plus là.


        J'imagine que c'est une spécialité moderne, un mal récurrent tant ce que j'ai écrit dans mon premier paragraphe est devenu banal. Mais lorsque c'est trop tard, il ne nous reste plus qu'à ressasser nos souvenirs.


    Je me souviens, nous étions trois, Antoine, Cédric et moi, plein de rêves, d'insouciance et de cette incroyable confiance en nous qu'ont les enfants persuadés que la vie est eternelle.

     Le CM2 déjà courrait à sa fin, nous étions bien, heureux, inséparables et si complémentaires. Nous étions des "grands" maintenant, souverains de notre cour d'école, un ballon de foot pour sceptre, un jogging rapiècé en guise de manteau recouvrant notre peuple.


    Je me souviens nous étions trois, Antoine, Cédric et moi, plein de reves dont nous commencions à douter, d'insouciance cachant la peur de l'inconnu, et ce cette incroyable confiance qu'ont les pré-ados persuadés qu'ils sont immortels et qu'ils changeront le monde.

    Le collège avait commencé depuis deux ans, nous étions bien, nous nous inventions des peines et des douleurs pour cacher notre bonheur, nous étions inséparables malgré les tensions idiotes et l'egoisme naissant. Nous nous sentions déjà moins grands, souverains d'un royaume qui se retrécissait, des Pog's pour sceptres, un Jean's troué en guise de manteau recouvrant nos espoirs.


    Je me souviens nous étions trois, Antoine, Cédric et moi, plein de nouveaux rêves que nous nous étions réinventés, plein de soucis, de peur de l'inconnu et de cette incroyable confiance qu'ont les ados effrayés par le futur mais persuadés que tout ira bien. Décidés finalement à ne pas changer le monde, mais à faire de nos vies une belle histoire, puisque nous le savions desormais, elle aurait une fin.

    Le lycée touchait à sa fin, nous avions pris des chemins différents, dans nos cercles d'amis respectifs nous étions bien, vivant chacun des experiences différentes qui l'air de rien nous éloignaient les uns des autres. Mais heureux lorsque l'on se retrouvait l'espace de quelques heures, nous étions redevenus grands, souverains d'un lycée que nous connaissions par coeur, un diplome de Bac pour sceptre, un Levi's tout neuf en guise de manteau recouvrant nos amours.


      Je me souviens j'étais seul, Antoine à gauche, Cédric à droite et moi droit devant, dans le mur. Plein de rêves oubliés, de la certitude que l'inconnu a eu raison de moi, et de cet incroyable manque de confiance qu'ont les personnes qu'on lâche dans une jungle sans arme pour se défendre et complétement paumés. Malgré tout encore persuadé que tout ira mieux... un jour.

        La fac m'avait mangé tout cru, comme elle mangeait mes deux camarades d'autrefois. Engoncés dans un monde qui se retrecissait, nous n'étions pourtant pas malheureux. Nous étions "grands" desormais contre notre volonté. A peine souverains de nous-même, un Deug pour seul sceptre et la promesse de se revoir et de redevenir comme avant en guise de manteau recouvrant nos 20 ans.


    Je me souviens c'etait il y a deux mois, nous étions deux Cédric et moi, Antoine dans le journal. A coté de ton nom, une histoire incohérente faite d'un jeune homme renversé par une voiture et mort à l'hopital. Nous avons mis une semaine à comprendre.
    Remplis de souvenirs que nous pensions oubliés, et de la certitude qu'une partie de nous s'est envolée,  nous nous apprêtons à continuer notre route quand même. Enfermés dans notre envie de revenir en arrière, nous sommes un peu orphelins. Souverains de notre solitude, des vieilles photos pour seuls sceptres et des souvenirs en guise de manteau nous protégeant d'un froid qui nous engourdit quand même.


La vie continue, et puisque tu n'es plus là, nous nous sommes promis de vivre aussi pour toi.

Publicité
Commentaires
K
:( pas grand chose à dire à part que ton requiem est magnifique, alors bonne continuation quoi qu'il arrive
Publicité
Derniers commentaires
Publicité